Strasbourg nait comme un site militaire stratégique et ce n’est pas un mais plusieurs camps successifs qui marquent le paysage
Un site favorable à une implantation militaire et civile
La topographie du lieu est favorable à une implantation militaire et civile avec l’île surélevée de Strasbourg/Argentorate, entre les bras de l’Ill facile à défendre, un gué naturel permettant un franchissement aisée et une terrasse drainée à l’ouest parfaite pour installer des habitats.
La proximité du Rhin et la convergence des voies naturelles font de Strasbourg, un carrefour au nord vers Mayence/Mogontiacum et Brumath/Brocomagus, au sud vers Kembs/Cambete, au sud-ouest vers Vesontio/Besançon, au sud-est vers Augusta Raurica (Bâle), à l’ouest vers la vallée de la Bruche et le passage des Vosges vers Grand , à l’est vers la Germanie.

Des occupations militaires successives avant une implantation durable
Plusieurs implantations précèdent la ville sur le site de Strasbourg/Argentorate et dans ses environs. La fonction de ses camps diffère selon la nature des interventions de l’armée romaine dans la région : opérations militaires, patrouilles, manœuvres etc… ainsi que leur durée de vie allant d’une nuit à plusieurs semaines.
On distingue ainsi les camps temporaires aussi dénommés camps de marche localisés sur les secteurs de Koenigshoffen, Illkirch et sur l’axe Strasbourg-Saverne proche de l’autoroute. `
Les camps durables (semi-permanents ou permanents) sont eux localisés pour ceux connus entre Koenigshoffen et Strasbourg Centre.
Cette occupation est à mettre en lien avec les traces et objets archéologiques découverts sur ou à proximité de ces sites. Ces éléments permettent d’attester de la présence militaire romaine et d'en suivre les évolutions selon les unités engagées.

La Légion II Augusta ou une première expérience d’un stationnement permanent de Rome dans la région
A partir de 13/14 jusqu’à 43 après J.C. : la Légion II Augusta dispose d’un camp semi-permanent dont le site n’est pas identifié à ce jour. Toutefois une hypothèse et les dernières découvertes laissent à penser qu’il se situerait entre Koenigshoffen et la limite nord de la ville.
La légion II Augusta participe à la consolidation de la frontière rhénane, lors de nombreux déplacements, elle surveille les routes, sécurise les zones stratégiques dont les zones d’habitat et le réseau routier.

Les vexillations romaines et la réorganisation de la présence romaine à Strasbourg après les années 43/45 après J.-C.
Aucune présence de légion romaine n'est attestée sur le site de Strasbourg et dans ses environs après le départ de la Légion II Augusta entre les années 43/45 et 93/94 après J.-C., hormis des détachements militaires de ces légions que l’on appelle aussi des vexillations.
On retrouve ainsi :
Entre 45 et 70 après J.-C :
La Légion XXI Rapax (découverte de tuiles estampillées avec son nom, réalisées à des fins militaires ou civiles).
Entre 70/71 et 93/94 après J.-C :
La Légion XIII Gemina (découverte d’une dalle portant son estampille).
La Légion XXI Rapax ((découverte d’une tuile estampillée).
La Légion XXII Primigenia (découverte d’un conduite de chauffage avec son estampille provenant l’intérieur et des environs du camp de la légion VIII Augusta).
Ainsi qu’une présence probable d’un camp d’auxiliaires sur le futur site du camp romain de Strasbourg centre.
La Légion VIII Augusta, vers les origines urbaines de la ville de Strasbourg
Vers 93/94/97 après J.-C après J.-C : Légion VIII Augusta s’installe sur le site du centre de Strasbourg dans un camp fait d’un rempart en terres et bois protégé par un fossé et organisé selon le schéma classique des camps romains. Cette fortification préfigure celle en pierre construite au cours du IIe siècle après J.-C et durant l’Antiquité tardive et consolidé entre les années 293 et 324 après J.-C., et le schéma topographique du quartier rejoint par l’extension des implantations civiles qui accompagnement l’établissement durable d’un camp militaire romain.



La rencontre entre une topographie favorable, la frontière rhénane et des ambitions romaines donnent naissance à Strasbourg/Argentorate : un paysage marqué non pas par un camp mais par une multitude d’implantations militaires successives.
Nous reviendrons dans d’autres articles sur la présence romaine et son impact durable sur le paysage strasbourgeois et ses environs.